BELLE ENTRÉE DANS LE TEMPS DE L’AVENT

Lève-toi, sois éclairée, car ta lumière arrive, et la gloire du Seigneur se lève sur toi. »

 

Quel bonheur de retrouver les grands poèmes du prophète Isaïe et de ses successeurs rassemblés sous son nom dans le livre d’Isaïe, qui crient et chantent l’espérance du peuple hébreu. Ils vont rythmer ce temps de l’Avent où nous nous préparons à la joie toute fraîche de l’annonce de Noël : « Un enfant nous est né ! Un fils nous est donné. »

Si depuis la nuit des temps l’humanité essaie de se frayer un chemin vers le monde divin, vers un idéal supérieur, si elle se met sans cesse en quête d’absolu, et cherche à tâtons la lumière au cœur des nuits de ce monde, à travers de multiples traditions religieuses ou philosophiques, en revanche pendant ces 4 dimanches de l’Avent nous découvrons que c’est l’inverse qui nous est offert : c’est notre Dieu qui vient mystérieusement à nous pour nous ouvrir un destin nouveau, en Jésus-Christ. C’est la grâce de l’incarnation qui nous surprend, reconfigure tout, et simplifie notre cœur en rendant vaines toutes les idoles que nous nous forgeons de Dieu : un dieu utile, un dieu-garantie, assurance tous risques contre les épreuves de la vie, un dieu qui viendrait combler nos manques ou nos frustrations, qui viendrait se porter caution de nos projets, un dieu confortable et complaisant, aux idées lisses et prévisibles pour des consolations bon marché – un faux dieu si décevant pour tous ceux qui ont soif du vrai Dieu et de sa vie inépuisable. En particulier les jeunes que nous accompagnons.

Dans la période si éprouvante que traversent bien des endroits de notre monde, en particulier cette Terre sainte que le Seigneur a bénie par le mystère de sa Nativité, nous nous interrogeons cruellement et la parole retranscrite par le psalmiste nous revient : « Où est-il ton Dieu ? » (Psaume 42). L’heure est une fois encore venue de prendre au sérieux ce que notre Dieu veut nous dire à travers le mystère de l’enfant de la crèche. Nous qui rêvons de toute puissance dans nos fantasmes religieux, il nous faudra nous attarder longtemps à contempler cet enfant qui vient à nous désarmé, désarmant, et les mains nues, pour comprendre la toute faiblesse et la toute innocence de Dieu (au sens premier : c’est-à-dire son incapacité radicale à nuire), sa totale non-puissance si ce n’est à aimer encore et toujours, contre les logiques de violence, de vengeance et de mort.
Que l’Avent nous donne le goût de notre propre rencontre avec ce Dieu-là !

Père J.Prigent

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